Rendez-vous citoyen: le cancer, quelle prévention?
Une dizaine de personnes étaient présentes pour ce rendez-vous citoyen (20 juin 2017) consacré à la prévention du cancer, dont l’initiative revient au collectif Droit et Pauvreté, à Mulhouse. Les représentantes de la coordination santé de la Ville de Mulhouse ont assuré la présentation du thème de la soirée et répondu aux questions.
En France, le cancer tue près de 150 000 personnes (2015), plus chez les hommes (84 100) que chez les femmes (65 400). On estime que 40% des cancers pourraient être évités par un simple changement de vie.
Une cellule, c’est quoi ?
C’est une petite chose fermée de manière générale, et c’est aussi une partie du corps humain. A l’instar du tissu, il y a des petites fibres, qui composent le tissu. Notre corps est pareil, des petites cellules qui composent notre organisme.
Les cellules du corps ont une forme, une taille différente, car elles n’ont pas la même fonction. Par exemple, les globules rouges qui permettent de transporter l’oxygène entre les poumons et les organes, et les globules blancs, qui attaquent les corps étrangers et sont responsables de la défense immunitaire de l’organisme.
La cellule, est composée d’un noyau. Toutes nos cellules sont composées d’un même noyau, dans lequel on y retrouve l’ADN. Les cellules font partie de l’héritage génétique.
Le corps fabrique ses propres cellules pour grandir, pour réparer et remplacer les cellules fatiguées. Chaque cellule a un travail à fournir, et quand elle est fatiguée, elle se remplace.
Pour fabriquer les cellules, l’être humain dispose d’un stock de cellules souches. La cellule se sépare en deux, l’une des moitiés va dans le stock.
Comme toute usine de fabrication, il y a des défauts. En général, les cellules malades meurent. Mais parfois, le corps se met à fabriquer des cellules cancéreuses.
C’est quoi, une cellule cancéreuse ?
La cellule cancéreuse ne meurt pas et elle n’arrête pas de se diviser, car il n’y a plus de régulation. Le problème se situe au niveau du noyau. Une tumeur bénigne signifie qu’elle n’est pas cancéreuse.
La cellule cancéreuse prend alors la place des autres cellules, et quand elle se retrouve dans le sang, elle se promène dans l’organisme, se fixe ailleurs et produit des métastases. Elles vont là où elles trouvent de l’oxygène et du sucre. Là où elles s’installent, elles prospèrent, et repartent dans le sang selon un schéma sans fin.
Qu’est ce qui fait que le noyau se transforme en cellule cancéreuse ? On ne connaît pas encore le mécanisme. On en connaît les causes, mais pas le mécanisme.
Quels sont les facteurs de risques ?
Notre corps étant composé de cellules, on peut avoir un cancer de « n’importe quoi ». Il y a donc des cancers fréquents et d’autres beaucoup moins, donc plus difficiles à déceler.
6 cancers sur 10 sont liés à ces facteurs de risques:
- l’alcool, responsable du cancer des voies digestives
- le tabac, responsable du cancer des poumons et de la gorge. Il bouche les artères (maladies cardio et neuro-vasculaires). Il est souvent présent dans d’autres cancers comme le cancer du col de l’utérus ou du colon.
- les facteurs génétiques (cancer dans la famille, lié à un gène)
- le stress (non lié au cancer scientifiquement mais les conséquences du stress -des comportements comme fumer, compenser avec l’alimentation, ne plus bouger, marcher- sont des facteurs à risques)
- le soleil, responsable du cancer de la peau
- les virus, responsables de cancers comme celui du foie et du col de l’utérus (hépatite B et C). 9 femmes sur 10 ont été en contact avec le papillomavirus.
- les perturbateurs endocriniens
- les rayonnements radio-actifs
- la pollution
- l’alimentation trop riche en graisses, viande rouge, en sel
- l’obésité
- le manque d’activité physique
Généralement, ces 3 derniers facteurs vont de pair. Ce sont les mêmes facteurs qui favorisent le diabète.
Le cancer chez les enfants existe. Statistiquement, les risques de cancer augmentent au-delà de 50 ans, en fonction de la vie que l’on a menée avant.
Même avec une bonne hygiène de vie, on peut avoir un cancer.
Nos modes de vie ont énormément changé, mais parallèlement, la recherche médicale a fait énormément de progrès, d’où l’intérêt de la prévention.
La détection
Y-a-t-il des signes précurseurs d’un cancer ? Tout dépend du type de cancer. Au départ, il n’y a pas de douleur. La gravité des cancers n’est pas la même.
Pour certains endroits du corps, le cancer se détecte plus vite. Par exemple, dans le cerveau. il n’y a pas beaucoup de place dans la boite crânienne, donc des signes vont vite apparaitre. En revanche, dans le ventre, il sera plus difficile de diagnostiquer une perturbation des cellules.Le cancer du pancréas est très difficile à détecter.
L’un des signes peut tout simplement être une constatation : « ce n’est plus comme avant, ou ça traîne ». Exemple, pour la gorge, la voix va s’enrouer. La personne atteinte va avoir des saignements anormaux dans l’urine, dans les selles, des fièvres inexpliquées.
Pour les femmes, il faut faire des palpations main à plat dans le sens d’une aiguille d’une montre sur les seins.
La prévention, le dépistage
Des dépistages ont été mis en place par les autorités sanitaires sur les cancers les plus fréquents.
Il y a 3 types de dépistage :
- le colon (depuis 2009)
- le col de l’utérus (depuis 1993 dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, mais toujours pas généralisé)
- le sein (depuis 2004)
Pour le cancer du col de l’utérus, si le col n’est plus là, il n’y a plus de risques. C’est un cancer qui ne donne pas de signe. Dans la plupart des cas, le virus disparaît tout seul, sans traitement, au contraire des MST (Maladies sexuellement transmissibles).
Une femme qui a le cancer du col de l’utérus, c’est souvent en raison de négligence. Il faut faire un frottis tous les trois ans, de 25 à 65 ans. Le problème, c’est après la ménopause ou lorsque la femme « vit seule » celle-ci ne fait plus d’examen. Le gynécologue n’est pas là que pour la contraception et une grossesse. Après 65 ans, s’il ne s’est rien passé, on peut considérer le risque comme quasi nul. 1000 femmes meurent par an du cancer du col de l’utérus, alors que la consultation tous les 3 ans l’éviterait.
Les médecins urologues recommandentaux hommes ayant plus de 50 ans et moins de 75 ans, d’effectuer un dosage de la PSA, antigène prostatique spécifique, mais celui-ci peut ne pas être fiable. Il doit être complété par un toucher rectal, qui peut être fait par un généraliste.
« Un geste simple peut vous sauver la vie » (slogan du dépistage du cancer du colon)
Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, avec 17 500 décès par an.
Le test vise à rechercher le sang caché dans les selles. Sur les parois internes du colon ou du rectum, peut apparaître une excroissance: un polype. Il peut être bénin ou cancéreux. Il peut saigner par frottement des selles.
Tous les deux ans, les personnes inscrites à la sécurité sociale, et âgées de plus de 50 ans, recoivent un courrier appelant à faire ce dépistage. En effet, 95% des cas concernent les + de 50 ans. Si le cancer du colon se déclare avant l’âge de 50–55 ans, la cause est ou génétique ou liée à l’alimentation. En cas de polype cancéreux, une coloscopie permet de l’enlever de façon indolore.
Au verso du document envoyé aux affilié-e-s, figure un questionnaire qui alimente les statistiques nationales et permet notamment de savoir pour quelles raisons l’assuré ne fait pas l’examen.
Les rendez-vous citoyens s’adressent aux Mulhousiens et Mulhousiennes qui désirent se nourrir de sujets sur le vivre-ensemble et qui souhaitent disposer de ressources et d’outils pour mieux participer à la vie locale.